Elle ravit comme elle horripile: s'il y a bien une chanteuse française qui ne laisse personne de marbre, c'est Camille. Qu'on se le dise, je fais partie des charmés depuis Le Fil, son deuxième album multirécompensé. J'aime les gens bizarres, qui n'ont pas de retenue dans l'expression de leur singularité, qui ne s'embarrassent pas d'être embarrassés (ou d'embarrasser). Et puis elle a le même prénom que ma frangine, ce qui lui attribuait tout de suite un capital sympathie à cent mille.
C'était ma première fois ce soir, et sans vouloir sonner graveleux, ce fut humide. Après des jours de chaleur à respirer la poussière, voilà que l'orage s'amène au-dessus de la scène des Arches. Les gradins sortent les ponchos et se font arc-en-ciel, les parapluies éclosent. En contraste, le fond de scène bleuté nous incite à croire qu'il fera beau sur les praticables. Et de la beauté, on en a fait un stock, grâce à la dame et ses six acolytes au chant, clavier et percussions multiples.
J'ai toujours aimé les mots, et Camille c'est sa spécialité, les faire sonner, rouler, éclater. C'est criant sur les morceaux de son dernier album qui composent la première partie du concert, en particulier Lasso, blindés d'allitérations qui glissent et hypnotisent. Je ne mâche pas mes mots sonne comme un manifeste, un engagement poétique. C'est ce qui est drôle: on oublie le sens des mots, on ne retient que leur sonorité. Et on découvre parfois que les plus belles harmonies vocales permettent de parler crument, comme sur Fontaine de lait ou Too drunk to fuck, légèrement plus explicite.
Je suis subjuguée par la présence des corps: que ce soit dans la puissance des harmonies vocales, les prouesses beatbox, les percussions corporelles, la danse effrénée aux allures africaines, on assiste à une performance incarnée et organique. Les respirations saccadées construisent le morceau Ilo Veyou, l'un des musiciens vient taper sur le dos de la chanteuse pour faire vibrer sa voix sur Au port. Les corps sont sans cesse convoqués, comme lorsque la chanteuse invite un couple à danser une bourrée à deux temps sur Les loups, sorte de transe électro-folklorique qui déchaine le courageux public. La joie est complète quand résonnent les premiers vers de Ta douleur, la ferveur totale aux injonctions "lève-toi" alors que Camille plonge dans le public pour slammer. Et ce sont les incantations martelées d'Aller aller aller qui nous permettront d'affronter la pluie avec l'espoir d'une éclaircie. Le final est orgasmique: tous les sept improvisent un a cappella irrésistible avec ces quelques mots: "Paléo sous l'eau".
Les photos du concert
Toutes les chroniques
Lorsqu'une personne essaie à tout prix de vous convaincre, peu importe le sujet et la personne, il y a de grandes chances pour vous ne l'écoutiez plus en quelques minutes. Aussi convaincue que Keny, vous ne trouverez pas... Pourtant ce soir, Keny Arkana a rassemblé les causes et les foules.
Je vous le dis tout de go: Calypso Rose, c'est la plus grosse surprise de ma semaine. Comment cette petite dame de Trinidad-et-Tobago née en 1940 a-t-elle pu retourner le Dôme à ce point? Ça me laisse comme deux ronds de flan. Quelques éléments de réponse...
Qu’on se le dise tout de suite, on ne va pas voir Renaud en espérant qu'il reprenne du Pavarotti ou du Whitney Houston. Bien d’autres artistes occupent le terrain de la performance vocale mais concernant l’auteur d’Hexagone, franchement on s’en cogne.
J'ai toujours aimé le Village du Monde, j'y fais des découvertes savoureuses à chaque édition. Chance cette année, ce n'est pas un mais deux concerts du Dôme que j'ai le plaisir de chroniquer. Un week-end en Amérique centrale, ça joue pour vous?
Chez moi, on les appelle les croès. Les croès sont des êtres étranges, leurs cris peuvent vriller les tympans les moins sensibles, ils peuvent tout démolir en quelques minutes. Et ils aiment Black M.
Elle ravit comme elle horripile: s'il y a bien une chanteuse française qui ne laisse personne de marbre, c'est Camille. Qu'on se le dise, je fais partie des charmés depuis Le Fil, son deuxième album multirécompensé. J'aime les gens bizarres, qui n'ont pas de retenue dans l'expression de leur singularité, qui ne s'embarrassent pas d'être embarrassés (ou d'embarrasser).
Jamiroquai au Paléo, ça fait un bail! Je me rappelle bien avoir assisté au concert de 2010, Jay Kay était tout en plumes et en Adidas. Aujourd'hui, les trois bandes sont toujours sur son dos, mais il a troqué sa coiffe d'iroquois pour un chapeau 2.0, affublé de lumières qui changent de couleurs au fil des chansons.
Fils de bonne famille, gendre idéal, talentueux, touchant, infiniment gentil, beau gosse au sourire toujours largement affiché. Et sincère en plus! Voilà quelques termes pour qualifier la nouvelle coqueluche de la variété française qui définitivement a tout pour être détesté! D’ailleurs je le déteste. Oui c’est ça, je le hais.
Les écrans de la scène illuminent la plaine, les silhouettes du groupe se détachent et le son peut commencer avec "Here comes the Night". Suivent des titres sans grande réaction du public. Le nouvel album est imminent et les quelques singles sortis depuis janvier démontrent un virage pop...
Venus d'Angleterre, tels des chevaliers chevelus, armés de tubes psyché et de chemises à motifs qui renvoient directement dans les années 1970, Temples a conquis le territoire nyonnais.
Pour le coup, ce mercredi, Paléo fait dans la légende inattendue: Midnight Oil sur la Grande scène. Il y a quelques années, c'était pas gagné, tout bonnement parce que le groupe australien mythique n'existait plus. Peter Garett, son chanteur, grand activiste humaniste et écologiste, avait fui le micro pour oeuvrer au changement politique de son pays. Mais après quinze ans au Parlement et au gouvernement, il faut croire que l'appel de la musique a été le plus fort.
Un concert des Red Hot, ça ressemble un peu à ce moment avant Noël. Tes parents te demandent de faire une liste au Père Noël. Le fameux mec qui peut savoir que tu n'as pas fait tes devoirs ou que tu as mis du piment dans le cacao de ton frère.
Petit Biscuit! Tu veux mes biscottes? Petit Biscuit, tu es à croquer! Les blagues sont nombreuses et faciles. Mais on ne peut pas en vouloir à un public si jeune ce soir… Je m’étais jurée de ne pas commencer avec des blagues.
On peut commencer par la fin? Parce qu'elle résume parfaitement le concert: Fever. C'est le titre que TaxiWars a bien voulu nous jouer pour boucler un live aussi rapide qu'intense. Et la fièvre, ils me l'ont mise. Même si un horaire plus tardif aurait sans doute rendu les foules plus réceptives.
Je sais pas vous, mais nous, on a hâte. Parce que ça fait quand même 359 jours qu’on affûte nos bottes, qu’on astique nos casquettes, qu’on a posé dans l’évier les 14 gobelets Paléo vaguement propres oubliés au pied du lit, qu’on tente vainement de réussir un sandwich au magret.